L’école de mode et de tissage prend place au cœur de la capitale tunisienne, à proximité des faubourgs Nord de la Médina. Ce n’est pas simplement un bâtiment d’enseignement, c’est un passage sensoriel, une nouvelle scène artistique, un carrefour à l’échelle métropolitaine, un lieu public qui donne de nouvelles orientations et offre aux passants et aux touristes un autre rapport à la place Bab Laassal. Ce projet est un projet urbain qui s’attache à conférer un nouveau caractère à cet espace hyper central de Tunis, aujourd’hui seulement vécu comme un carrefour autoroutier dominé par la voiture. L’idée à travers l’école de mode et de tissage est de donner un nouveau souffle à ce métier de l’artisanat traditionnel en Tunisie qui manque cruellement de visibilité et qui peine à exister et se développer.

Dans le prolongement de l’artisanat du tissage, l’univers de la mode et la matérialité du textile sont alors apparus comme une évidence en rendant possible l’exploration de quelque chose qui échappe au purement traditionnel. La mode non pas comme l’icône d’un instant ou le symbole d’une période donnée, mais la mode comme source d’émerveillement dans le mouvement qu’elle génère en permanence. C’est ce renouvellement qui la fait exister et lui confère son caractère sensationnel. J’envisageais alors un projet à sensations, un projet qui bouscule l’opinion car la mode n’est pas dénuée de sens. Si, selon Roland Barthes, elle ne peut expliquer concrètement les traits d’une époque, elle en revêtit les symptômes et devient un objet de communication particulièrement efficace. L’école devient alors un espace de débat, un espace d’exposition, un espace d’échange et d’apprentissage. En cette période de pandémie, ce projet urbain et plus particulièrement le projet architectural incarne la volonté d’aller contre une vision stérilisée de la ville, une vision qui fabrique une isolation sensorielle et participe à créer des stratégies d’évitement.